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Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest

Déclaration d’Ahmadou TALL pour la Journée internationale des migrants

18 décembre 2018
Déclaration d'Ahmadou TALL pour la Journée internationale des migrants©
A l’occasion de la Journée internationale des migrants, voici la déclaration d’Ahmadou TALL, Président du Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.

Le monde d’aujourd’hui est particulièrement marqué par les déplacements massifs de populations. Les migrations internationales concernent toutes les régions du monde. Nous ne pouvons pas nous voiler la face ou faire semblant de ne pas avoir vu. Comme jadis les Révolutions, américaine de 1774 et française de 1789, comme les deux guerres mondiales, 1914-1918 et 1939-1945, les migrations internationales écrivent notre histoire contemporaine.

La mobilité humaine a toujours fait partie de notre histoire commune et rien n’indique que dans un avenir proche, le nombre de populations en déplacement pourrait baisser. Selon des chiffres de l’Organisation des Nations unies (ONU), 258 millions de migrants à travers le monde ont dû quitter leurs pays en quête d’un avenir meilleur, pour fuir la criminalité, la violence, les conflits, la persécution, l’insécurité, la discrimination, les catastrophes naturelles et la dégradation de l’environnement. Comme vous pouvez le constater, les causes de la migration se multiplient et se complexifient. Le nombre des migrants a augmenté de 49% depuis l’année 2000, selon l’ONU.

La discrimination, la xénophobie, l’exclusion et les violations des droits de l’homme des migrants se développent de manière inquiétante dans le monde entier. Certains États s’attaquent aux migrations irrégulières par le biais de sévères mesures de contrôle aux frontières et criminalisant les migrants en situation irrégulière. Au cours de l’histoire, les migrants ont toujours été les boucs émissaires.

La journée internationale des migrants que nous célébrons cette année a pour thème « Des migrations dignes » !

La dignité, « Sentiment de la valeur intrinsèque d’une personne » est reconnue par la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 comme inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables. Elle constitue, selon la déclaration universelle le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.

Les deux pactes des Nations Unies du 16 décembre 1966 (Pacte international relatif aux droits civils et politiques et Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels) reconnaissent que les droits qui y sont consacrés découlent de la dignité inhérente à la personne humaine.
La Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (CMW) du 18 décembre 1990 invite les Etats à procéder à des consultations et à coopérer en vue de promouvoir des conditions saines, équitables et dignes en ce qui concerne les migrations internationales des travailleurs et des membres de leur famille (art.64) et de faire en sorte que les conditions de travail et de vie des travailleurs migrants et des membres de leur famille en situation régulière soient conformes aux normes de santé, de sécurité et d’hygiène et aux principes inhérents à la dignité humaine (art.70).
La migration irrégulière ne doit plus être érigée en infraction pénale. En effet, le simple fait de se déplacer d’un pays à un autre, ne peut en aucune manière constituer, en soi, un trouble apporté à l’ordre public ou un crime ou délit contre les personnes ou contre les propriétés.

Au lieu de mettre en place des politiques draconiennes de contrôle des frontières qui violent manifestement et gravement les droits fondamentaux des migrants, y compris les mesures de séparation des enfants de leurs parents sur la seule base de leur statut migratoire ainsi que les mesures de détention punitive, les Etats doivent coopérer pour mettre en place des voies de migration régulières, sûres, ordonnées et prenant en compte l’impératif de respecter et faire respecter la dignité de l’homme, son intégrité physique et ses droits fondamentaux.

Les États doivent adopter des politiques qui renforcent l’impact positif de la migration et la réalité est que la migration procure d’énormes avantages, qui stimulent la croissance, l’innovation et l’esprit d’entreprise dans les pays d’origine et de destination.

Les États devraient pleinement se mobiliser pour s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière et mettre en place de voies de migration accessibles, régulières, sûres et d’un coût abordable, conformément aux normes internationales des droits de l’homme, notamment la Convention CMW et le Pacte mondial sur les migrations récemment adopté à Marrakech.